Malgré une inauguration en grande pompe en décembre 2016, le musée Jean-Paul II à Managua n’a jamais été ouvert au public et vient d’être remplacé par un musée en hommage à un chanteur populaire du pays. Un exemple de plus de la répression contre les Églises chrétiennes du gouvernement dirigé par le dictateur Daniel Ortega.
Le pape Jean-Paul II avait honoré deux fois le Nicaragua de sa visite, d’abord en 1983 puis en 1996. Pour honorer le pontife polonais, le gouvernement nicaraguayen avait décidé en 2016 de faire construire un musée dans la capitale du pays, à Managua.
Depuis décembre 2023, le musée est dédié à Tino López Guerra, un chanteur populaire du XXe siècle, auteur de l’hymne officieux du Nicaragua, Nicaragua mia. Des ateliers de poésie et de musique, des concerts ainsi que des expositions, y sont organisés.
En réalité, le musée Jean-Paul II, qui devait être le « symbole permanent de la mission de l'Église dans le monde », n’a jamais vraiment ouvert ses portes au public. Certes, en décembre 2016, les autorités civiles et ecclésiastiques ont inauguré ce musée, comprenant une chapelle, un grand jardin et plusieurs galeries. La papamobile que Jean Paul II avait utilisée, quelques-uns de ses vêtements, la réplique du pavillon où il a célébré la messe et une médaille commémorative du séjour du pontife au Nicaragua étaient notamment exposés. Le président actuel Daniel Ortega s’est même rendu à la cérémonie, se fendant à l’époque d’un hommage :
"Nous pouvons le voir comme un mémorial de la réconciliation et de la paix, qu'a prêchées le pape Jean-Paul II."
Mais le public n’y a jamais eu accès et les portes sont restées closes. Un garde posté devant le musée demandait une autorisation de la municipalité pour le visiter. Aucune explication n’a été donnée par le pouvoir en place pour justifier cette transformation du musée. Toutefois, il est difficile de ne pas y voir la main du dictateur Daniel Ortega.
Le média Divergentes qui a enquêté sur cette affaire explique que l’ombre du dictateur Ortega plane sur tous les contrats de travaux dans le pays. "La municipalité de Managua n'est pas indépendante. Si elle reçoit l'ordre d'en haut de fermer le musée, ceux qui la dirigent ne font qu'obéir à ce qui est mandaté" a expliqué une source. Il précise, en outre, que les activités du nouveau musée sont présidées par Laureano et Camila Ortega, le fils et la fille du dictateur nicaraguayen.
La première visite du pape Jean-Paul II au Nicaragua en 1983 avait été perturbée par des cris et des banderoles révolutionnaires. Le Nicaragua était alors dirigé par une junte révolutionnaire arrivée au pouvoir après un coup de force en 1979 et au sein de laquelle siégeait déjà Daniel Ortega. Le pape polonais était revenu 13 ans plus tard en 1996, décrivant son premier voyage comme une "grande nuit noire".
Jean-Benoît Harel